Pourquoi nous ne tenons pas nos bonnes résolutions?

Ce mois-ci je vous propose un article de ma collègue et amie Maryvonne Lorenzen avec qui j’ai co-écrit le livre « Faire les bons choix ». Comme mon article de janvier, il s’agit d’un approfondissement ultérieur d’un sujet qui revient souvent en coaching « comment ça se fait que je n’arrive pas à changer ? ».
Parfois il est difficile de l’admettre, mais le non changement vient de nous. Cet article vous propose de faire un pas vers plus de lucidité afin de mieux vous connaître et vérifier si les conditions pour réussir votre changement souhaité sont réunies. Bonne lecture !

Comment choisir les bonnes résolutions … pour enfin les tenir ?

Vos bonnes résolutions du 1er janvier sont-elles déjà tombées aux oubliettes ? Vous sembliez pourtant si déterminé(e) à l’aube de l’année nouvelle. Que s’est-il passé ?

La plupart des recettes dans les médias expliquent comment mettre en œuvre vos résolutions et nous vous proposons plutôt de regarder en amont : Comment avez-vous choisi ces résolutions ?

Si nous revenons à la définition du choix comme nous l’avons expliquée[1], « L’exploration du désir et la mise en œuvre d’une action ou d’une inaction dans l’attente d’un bénéfice qui aura un impact plus ou moins puissant sur le long terme. », il y a trois éléments importants : le désir, le bénéfice et la mise en œuvre.

Comment expliquer le décalage entre le désir (mon objectif, ma résolution) et l’action que nous ne mettons pas en œuvre ? Comment expliquer que certains objectifs sont facilement atteints et d’autres restent à l’état de désir.

1. Exploration du désir

Est-ce vraiment mon désir ? Que ce soit perdre du poids, changer de job, faire du sport…. d’où vient ce désir ? Est-ce que j’en ai vraiment envie ou je me laisse influencer par mon environnement ? Je le souhaite pour faire plaisir à quelqu’un, parce que cela correspond à un idéal diffusé dans les médias ?

Quand par exemple, nous lisons et entendons à maintes reprises que le sport est bénéfique pour la santé, peut-être allons-nous prendre la résolution de faire du sport : les premières actions arrivent parfois avant même d’avoir validé notre désir : inscription dans une salle de sport, achat de vêtements spécifiques…. Et puis après quelques séances……plus rien !

L’exemple d’Alix illustre bien cette problématique. Etant souvent décrite par ses collègues comme désordonnée, Alix a pris la bonne résolution de ranger son bureau et de mettre de l’ordre dans ses dossiers électroniques. Après quelques jours de rangement, Alix est à nouveau emportée par les urgences du quotidien et ses bonnes intentions semblent oubliées…. Pourtant Alix est tout à fait capable de ranger… En reflétant sur cet événement, elle se rend compte que cette bonne résolution ne correspondait pas à sa motivation véritable (elle sait très bien travailler dans le désordre et n’a pas vraiment le désir de ranger) mais venait plutôt de la pression ressentie de ses collègues.

En nous posant ces questions, nous devenons plus lucides et pouvons savoir si ce désir est vraiment le nôtre et correspond à nos motivations profondes. Ceci nous permet de savoir si l’objectif choisi est aligné avec notre essence et nos valeurs. Par exemple, « faire du sport » n’est peut -être pas ce qui nous convient et nous sommes convaincus que nous pouvons rester en bonne santé avec d’autres méthodes. Si ce n’est pas aligné avec nos valeurs et qui nous sommes réellement, cela restera juste un désir de se conformer à une norme extérieure et ne sera pas mis en œuvre.

2. Analyse des bénéfices

L’exploration des bénéfices attendus d’une bonne résolution nous permettent de faire un pas de plus dans l’évaluation de nos objectifs. Finalement, si je me mets au sport, fais un régime, réduis le temps passé sur les réseaux sociaux, quel est mon bénéfice voire mes bénéfices ? Certains bénéfices sont-ils contradictoires ?

Pour reprendre le cas d’Alix, son bénéfice initial était vraisemblablement d’obtenir un retour positif et la reconnaissance de ses collègues. D’un autre côté, elle s’est aperçue que ce « rangement » ne lui apportait aucun bénéfice dans l’organisation de son travail et qu’elle était très efficace dans sa façon de travailler malgré son apparent désordre. Elle savait retrouver facilement les informations. C’est en analysant ses bénéfices en profondeur qu’elle a compris le bénéfice qui l’avait initialement motivé à ranger.

L’exploration des bénéfices va donc nous rendre plus conscient de ce qui se joue pour nous et augmenter notre degré de lucidité par rapport à un objectif : soit de l’abandonner (j’ai plus de bénéfices à ne pas faire) soit de le renforcer.

L’invitation est donc, une fois que vous vous êtes assuré qu’il s’agissait bien de votre désir, d’explorer en profondeur les bénéfices attendus de votre résolution. Une fois assuré de votre désir et de la qualité des bénéfices, vous êtes prêts à passer à l’action.

3. Mise en œuvre durable

Les obstacles proviennent de la difficulté à changer nos habitudes. En positif, les habitudes nous permettent de gagner en efficacité sur des tâches répétitives en accomplissant certaines actions et mouvements de façon automatique. En même temps ces habitudes sont ancrées en nous et difficiles à changer.

Comment faire une fois que le désir est présent pour changer une habitude ou en initier une nouvelle ? Les études ont montré l’importance du remplacement quand il s’agit de cesser une habitude que nous jugeons néfaste. Dans tous les cas, il est important d’être le plus spécifique possible pour mettre en place ses actions : il s’agit de préciser la méthode, les modalités et le remplacement éventuel de façon concrète. Nous vous invitons à prendre le temps d’organiser ces changements et de prêter attention aux détails et si nécessaire les décliner en micro-changements.

Dans le cas d’Alix, si elle avait décidé de devenir plus ordonnée, elle aurait pu d’abord visualiser son objectif et le découper en étapes concrètes et par exemple un premier pas aurait de ranger une partie spécifique de son bureau. En effet, il vaut mieux commencer par de petits changements et les tenir dans le temps. Elle aurait pu également remplacer son habitude de partir à toute vitesse le soir pour ne pas rater son train par un départ dans le calme en prévoyant 15 minutes pour ranger son bureau et clore sa journée. Enfin, il est important de savourer les petites réussites, que ce soit d’avoir atteint une première étape ou le compliment d’un collègue.

En résumé, une fois que nous avons un désir fort et que nous avons mis en lumière les bénéfices du changement de façon très concrète, nous pouvons mettre en œuvre notre bonne résolution avec une méthodologie et un rythme qui nous convient.

Ce travail de lucidité nous permet de faire le tri et de nous concentrer sur les objectifs et/ou résolutions qui comptent vraiment pour nous et d’en augmenter les chances de réussite.


[1] Faire les bons choix Gallotti et Lorenzen, Editions Eyrolles 2015

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