Articles

L’importance du laisser-aller

March Newsletter

La plupart d’entre nous ont grandi avec l’idée que le fait d’avoir les choses « sous contrôle » était la voie à suivre. Que nous devrions nous efforcer d’atteindre nos objectifs à l’aide de tout ce qui nous entoure, car c’est ainsi nous serions heureux. Que, et encore plus pour les femmes, nous devrions être capables de tout gérer, de nous occuper de tout le monde, et de faire en sorte que tout fonctionne. Que pour justifier notre plus-value, nous devions réussir, et que malgré tout, nos réalisations ne seraient jamais suffisantes.

Cependant personne ne nous a dit qu’au beau milieu de cette course-poursuite, nous devrions faire une pause, nous arrêter et prendre le temps de réfléchir, pour évaluer si ce que nous faisons est toujours en phase avec qui nous sommes actuellement. De nos jours, que ce soit dans mon travail et dans ma vie personnelle, je vois trop de cas de dépressions pour continuer à croire qu’il est possible de contrôler sa vie tout en continuant à avancer, sans vérifier de temps en temps si ce que nous faisons nous rend heureux, et si c’est vraiment important pour nous.

Trop d’entre nous agissent en ayant la conviction profonde que nous devons nous accrocher et nous battre pour avoir ce que nous voulons. Mais il semble qu’à l’heure actuelle, une nouvelle tendance émerge : l’importance du lâcher prise.

COMMENT LE FAIT DE NE RIEN FAIRE PEUT PARFOIS TOUT FAIRE

Et si je vous disais «ne faites rien », « n’essayez pas de contrôler », « lâchez prise » ? Pour moi, cela semble effrayant. L’idée de laisser les choses se dérouler sous mes yeux sans que j’intervienne pour les conduire dans la direction qui me convienne, cela me fait peur. Et pourtant, c’est très tentant. C’est tentant parce que, au-delà de la peur, je peux ressentir une promesse de liberté, de détente, et l’opportunité de me dégager d’une partie de cette responsabilité qui me pèse tant. C’est une pensée très excitante et il s’en dégage comme un parfum de vérité

De toute évidence, il existe un risque tacite que, pour la plupart d’entre-vous, nous ne sommes pas vraiment disposés à prendre : les choses pourraient se dérouler de manière différente de ce que nous voulons, les gens pourraient faire des erreurs que nous pourrions empêcher, des changements pourraient intervenir – et nous ne sommes pas très sereins avec tout ça. Mais est-ce que cela signifie que ce serait pire ?

Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe lorsque vous êtes présent pour ramasser les morceaux et les recoller ? Quel est l’impact lorsque vous « faites en sorte que les choses fonctionnent », et quelles sont les conséquences sur vous lorsque vous « prenez en charge les choses »?

Cette situation peut vous convenir, au moins pendant un certain temps, mais au prix de quels efforts ? Sur le champ de bataille de l’action préventive et du contrôle, la croissance, les opportunités, la créativité et l’innovation sont souvent celles qui en paient le prix fort, ainsi que votre bien-être et votre tranquillité d’esprit. Alors, peut-être est-il temps d’explorer l’autre facette de la médaille, afin de trouver un juste équilibre entre intervenir et reculer.

NE RIEN FAIRE COMME FORME D’AFFIRMATION DE SOI

L’affirmation de soi

« Ne pas faire » consciemment quelque chose est une forme d’affirmation, pour vous-même et pour les autres. En ne faisant pas les choses et en lâchant prise, vous vous accordez de l’espace et du temps ; vous vous autorisez à retrouver de l’énergie que vous auriez consommée dans votre acharnement à tout contrôler. En prenant du recul, vous vous accordez une chance et la possibilité d’observer, de vous épanouir et de laisser entrer de nouvelles perspectives.

Essayez de percevoir ce dont votre corps et votre esprit ressentent lorsque vous faites « bouger les choses ». Il est fort probable qu’il émerge une sensation de tiraillement, de tension, une forme d’adrénaline et un esprit rigide et étriqué. Vous vous êtes lancé vers un objectif tête baissée, mais pour les êtres humains, obtenir le premier prix n’est pas vraiment une finalité en soi.

Si nous apprenons à lâcher prise et que nous considérons cela comme une opportunité le fait de laisser les choses se faire et d’en tirer les leçons – à ne pas confondre avec de la négligence – nous pouvons nous ressourcer et revenir à la tâche frais et dispos, plus posés et peut-être avec de nouveaux éléments dont nous n’aurions pas pensé auparavant. Lorsque nous sommes concentrés à faire les choses à notre manière, nous nous privons de l’expérience des autres possibilités qui existent. Il est important de savoir ce que l’on veut, mais il ne faut pas confondre l’objectif majeur avec la stratégie pour y parvenir : pour chaque objectif, plusieurs stratégies sont possibles.

Laisser faire les choses, nous octroie de la flexibilité. Nous constatons que les choses ne tournent pas à la catastrophe même lorsque nous ne les gérons pas en permanence, à notre manière, dans un sens ou dans un autre. Il existe toujours une possibilité de récupérer et réorienter les choses, peut-être d’une manière différente et plus productive que nous l’aurions imaginée.

Cela nous conduit à une relation différente avec le temps et l’espace, allégeant ce sentiment d’urgence qui est si souvent au cœur de décisions précipitées et d’actions inappropriées.

Enfin, lâcher prise accroit la confiance et diminue la solitude : Faites confiance à la vie et aux autres. Vous vous rendrez compte que les choses peuvent s’arranger d’elles-mêmes, et pour la plupart, elles ne sont pas aussi cruciales que vous le pensiez. Cela réduit aussi la solitude. Vous vous sentirez moins seul à en porter le fardeau : vous partagerez le pouvoir et la responsabilité. Et regardez, il se peut que parfois vous ayez raison, que votre manière de faire est plus performante, mais est-ce que cela vaut vraiment la peine d’avancer seul ? Peut-être que si vous lâchez prise, le résultat sera moins parfait, mais il est possible que cela soit plus amusant et instructif pour vous-même.

Donner du pouvoir aux autres

Lorsque vous permettez aux personnes d’expérimenter et d’apprendre de leurs erreurs, vous les rendez plus forts. Vous leur apprenez à avoir confiance en eux, et vous leur passer le message que vous leur faites confiance, qu’ils sont capables de prendre des décisions pour eux-mêmes et pour les autres. Laisser les gens libres de faire leurs choix et d’en être responsables, tout en leur permettant d’aller à leur rythme, est une forme d’amour et de respect.

Cependant il est important de ne pas négliger le soutien et les conseils. Surtout pour les dirigeants, laisser les gens faire leur propre expérience et trouver des solutions pour eux-mêmes est très stimulant, mais ils doivent sentir que vous êtes présent pour les soutenir et les aider en cas de besoin.

Il faut trouver le juste équilibre entre liberté et présence. C’est comme en tant que parent, il faut laisser aux enfants la liberté d’expérimenter, tout en étant présent si besoin. Il ne faut pas vouloir tout contrôler mais il faut faire confiance aux personnes et à leur capacité à grandir et à prendre de bonnes décisions. Chacun apprend de ses propres expériences. Donc nous devons leur faire confiance dans leur capacité à prendre soin d’eux-mêmes, sauf si un réel danger apparait.

Il y existera forcément des situations où les expérimentations ne seront pas concluantes et où une stratégie plus stricte et mieux adaptée doit être mise en place. La solution est, comme toujours, de trouver un bon équilibre et de mettre en œuvre votre jugement dans une dynamique au cas par cas.

CONCLUSION

Un bon jugement et un juste équilibre viennent de la sagesse, et la sagesse est plus facilement atteignable lorsque vous vous accordez l’espace pour prendre du recul et observer, tout en y ajoutant la connaissance associée à votre propre expérience. De plus, un esprit plus détendu et ouvert prend de meilleures décisions, et si le fait de lâcher prise peut vous sembler difficile au début, vous serez vite récompensé par un sentiment de légèreté, de confiance et de possibilité qui se reflétera dans votre attitude qui sera inspirante pour les autres.

Co-écrit par Anna Gallotti & Selika Cerofolini

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Retour haut de page