Ce matin j’ai eu le plaisir de discuter avec une très chère amie de Milan. Nous nous sommes racontées les dernières nouvelles et avons échangé sur les moments faciles et pas faciles de la vie. Parmi ces derniers, elle a exprimé sa frustration quant à sa charge de travail à la maison : la charge mentale de devoir penser à toutes les différentes tâches et leur organisation et la charge de devoir les effectuer. Elle a aussi exprimé sa frustration vis-à-vis de son mari (qui participait à la conversation !) qui, selon elle, n’avait pas d’initiative quant aux tâches ménagères, ce qui ne faisait qu’augmenter sa frustration et son impression d’avoir toutes les tâches ménagères sur ses épaules.
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai la sensation que vous avez déjà entendu parler de ce problème, et peut-être le vivez-vous dans votre quotidien… Je pense que si on faisait une statistique des principaux motifs de litige dans un couple, celui-ci serait le premier problème évoqué par les deux partenaires ! Oui, car je vous assure qu’il est mal vécu des deux côtés : d’un côté il y a une attente non satisfaite (« il devrait y penser par lui-même, avoir de l’initiative » disait mon amie), de l’autre il y a la sensation de tout mal faire et de ne jamais satisfaire son partenaire (« même quand je fais ce qu’elle me demande, elle n’est pas contente ! » disait son mari).
Ce même problème intervient aussi au bureau : nous nous attendons à ce que nos collaborateurs aient de l’initiative car cela nous donne la preuve qu’ils sont motivés et qu’ils tiennent à leur travail. Nous nous attendons à ce que notre chef voie notre bon travail et nous récompense avec une promotion et/ou une augmentation. Bref, à la maison comme au travail, nous vivons d’attentes qui sont plus ou moins déçues.
Chacun de nous est surtout convaincu d’avoir raison de nourrir des attentes : mon amie avait d’excellentes raisons de vouloir partager les devoirs domestiques, un manager a raison d’attendre de son collaborateur qu’il fasse du bon travail et quand je travaille bien, j’ai raison de prétendre à une promotion/augmentation.
Oui, vous avez raison, mais…
Tout d’abord, je tiens à souligner que si vous avez des attentes, OUI, vous avez très probablement plein de bonnes raisons de les avoir !
Cela dit, je vous propose de nous pencher un instant sur ces trois règles (assez) universelles :
1/ La gratification que nous pouvons obtenir d’une attente est inversement proportionnelle à celle-ci : plus nous attendons de quelqu’un qu’il fasse quelque chose, plus cette attente risque d’être déçue ainsi que le niveau de gratification que nous pouvons tirer des résultats obtenus. C’est le cas typique de mon amie, dont le mari exécute ses requêtes concernant les tâches ménagères. Bien qu’il les exécute parfaitement, elle n’est pas satisfaite, car elle se dit : « mais moi j’aimerais qu’il y pense tout seul en non pas que je lui demande de faire les choses ».
2/ Et ici nous abordons l’autre loi des attentes : elles sont autocentrées. Oui, les attentes ne prennent en compte qu’un point de vue : celui de la personne qui a les attentes ! Chacun d’entre nous a des besoins psychologiques différents, dus à de multiples facteurs : la façon dont nous vivons notre situation présente, notre histoire passée avec l’autre personne (a-t-elle déjà déçu mes attentes dans le passé ?), le cumul de frustrations, nos priorités à un moment donné …
3/ La troisième et dernière loi des attentes est la suivante : notre niveau émotionnel par rapport à l’attente et à la personne destinataire de notre attente est inversement proportionnel à notre capacité à demander ce dont on a besoin. Souvent, plus nous attendons quelque chose, moins nous la demandons. Et très souvent, plus nous sommes proches de la personne qui est l’objet d’une attente, moins nous sommes enclins à demander car « elle devrait comprendre, bon sang ! ».
Et la solution ?
La solution dépend de l’objectif que vous vous donnez :
1/ Si vous vous donnez pour objectif d’avoir raison, alors vous serez probablement très souvent déçus : avoir raison d’avoir une attente ne garantit pas un bon résultat.
Mon amie me disait : « mais moi J’AI RAISON ! Alors pourquoi dois-je demander ? C’est à lui de comprendre que j’ai besoin de lui, et pas à moi de demander à chaque fois ! ».
Alors je lui ai posé deux questions très simples :
- Si tu ne demandes pas, est-ce que tu obtiendras ce que tu veux ? Sa réponse : NON !
- Est-ce que tu préfères avoir raison ou avoir le résultat que tu souhaites, c’est à dire qu’il fasse ce que tu lui demandes ? Sa réponse : j’ai besoin qu’il m’aide, donc je préfère qu’il fasse ce que je lui demande…
2/ Et là je lui ai posé une autre question : alors, à la lumière de tes réponses, est-ce que tu préfères continuer à avoir des attentes qui ne seront pas satisfaites ou bien demander ce dont tu as besoin ? Elle a répondu qu’elle préférait demander, même si elle trouvait que c’était injuste.
3/ Dernière question que je lui ai posée : où préfères-tu diriger ton énergie : à penser que tu as raison ou bien à être reconnaissante à ton mari d’avoir exécuté parfaitement ce que tu lui avais demandé ?
Notre besoin de reconnaissance est infini et il nous pousse à avoir des attentes, mais celles-ci sont aussi une parfaite recette pour le malheur. Dans ma vie professionnelle et personnelle, j’ai appris grâce à beaucoup d’efforts et de travail qu’il est beaucoup plus gratifiant de demander quelque chose à une personne et ensuite de lui être reconnaissant d’avoir fait ce qu’on lui a demandé, plutôt que de dépenser nos énergies dans des attentes très souvent inutiles et frustrantes.
Et vous, quelle est votre attitude préférée ? Quel est votre choix ? Vous préférez être insatisfait(e) ou bien demander ?