Au secours, je n’ai pas de choix !

Antoine, qui fait un parcours de coaching avec moi, me fait part de son insatisfaction au travail, mais face à ma question : « voudriez-vous changer ? », il me répond « je n’ai pas le choix ! » et il poursuit avec toutes les raisons qui prouvent qu’effectivement, il n’a pas le choix.

Comment faire lorsque nous pensons que nous n’avons pas le choix ? Ici je vous livre quelques réflexions que j’ai menées suite à la sortie de mon livre, coécrit avec Maryvonne Lorenzen « Faire les bons choix ». Je suis arrivée à la conclusion que les cas de « non choix » peuvent être regroupés sous cinq catégories principales (il y en a bien d’autres, mais je ne cite que les plus importantes) :

1/ Je commence par le plus gênant pour la plupart d’entre nous : nous nous convainquons que nous n’avons pas de choix, mais en réalité non l’avons ce choix.
C’est l’exemple de Louis, l’un de mes clients, qui se plaint de travailler trop, jusqu’à pas d’heures, et de ne plus avoir de vie privée. Mais quand nous creusons un peu sa réalité professionnelle, nous observons qu’il ne veut pas déléguer et qu’il veut être omniprésent car il a besoin de se sentir reconnu dans son travail, puisque à la maison il vit une étape de transition difficile. Le bénéfice de la reconnaissance est bien plus fort que la fatigue ressentie. Mais en même temps, il a besoin de se justifier (« ils ont besoin de moi ») ou de se plaindre (« ils m’appellent tout le temps ! ») car il ne fait pas bon de ne pas déléguer et en plus ses collaborateurs se plaignent de ce manager omniprésent.

Ce cas est gênant car il est parfois difficile de trouver la lucidité nécessaire pour comprendre que ce non choix apparent ne dépend que de nous-mêmes. En fait ce non choix cache un choix, celui de se sentir reconnu comme indispensable.

2/ Un autre cas de non choix est celui de la personne qui n’a pas de choix pour le moment et au lieu de contextualiser, il généralise : « je n’ai JAMAIS le choix ».
Revenons à Antoine : il est insatisfait de son travail et il me dit qu’il n’a pas le choix. La limite est faible entre la sensation de ne pas avoir de choix et le sentiment de frustration. Et qui dit frustration, dit sentiment de revanche, amertume, des émotions qui se traduisent par certains comportements sur le lieu de travail : irritabilité, impatience, envie d’avoir raison à tout prix, etc. Mais comment faire quand on a besoin de gagner sa vie et son quotidien est frustrant ? Il faut éviter le phénomène de la grenouille qui reste dans l’eau chaude, qui devient petit à petit plus chaude jusqu’à quand, engourdie par la chaleur, elle n’arrive plus à sortir de l’eau bouillante et y reste. Pour faire en sorte que la situation ne s’éternise pas, il faut d’abord prendre conscience de sa propre frustration montante (ce qui est loin d’être facile !) et ensuite se fixer une limite de temps au-delà de laquelle, si la situation ne change pas, nous commençons à viser d’autres postes et/ou d’autres entreprises. Si nous anticipons le choix du changement, il est beaucoup plus facile de prévenir le moment où nous allons être exaspérés par la situation et où nous nous sentons piégés dans un poste ou une entreprise. Mais parfois il est si confortable de ne pas y penser…

3/ Le troisième cas est celui où nous n’avons vraiment pas le choix d’une situation car… nous ne l’avons pas choisie !
C’est l’exemple d’une maladie (quoique, parfois on y met notre grain de sel…) ou bien la maladie ou le décès d’un être cher. Dans ce cas, le seul domaine où nous conservons notre choix est l’état d’esprit avec lequel nous faisons face à la situation. Par exemple, bien qu’il soit normal d’être triste lors du décès d’un être cher, il faut aussi penser à la chance que l’on a eue de côtoyer cette personne, à tout ce qu’elle nous a appris et apporté, à la chaleur humaine qu’elle nous a offerte, bref, il faut trouver un moyen de voir du positif dans une situation très douloureuse. Face aux situations difficiles que nous n’avons pas choisies, nous avons toujours le choix de notre état d’esprit. Je voudrais citer en exemple une amie qui a un fils handicapé qu’elle a toujours considéré comme un don, même si elle a vécu et vit des journées difficiles.

4/ Parfois nous n’avons pas le choix car nous nous sommes mis dans la situation de ne pas en avoir.
L’exemple qui revient souvent en coaching est celui de Philippe qui me dit qu’il est toujours appelé pour faire le pompier dans des situations inextricables. Au bout de ses 30 ans de carrière il se rend compte que cela le fatigue, mais il se dit qu’il n’a pas le choix puisqu’il est reconnu dans son entreprise comme un très bon pompier et qu’on lui demande de résoudre des situations très complexes. Est-ce que ceci est vraiment un cas de non choix ? Pas vraiment, puisque Philippe, à un moment de sa carrière, a accepté de faire le pompier, a trouvé du plaisir à résoudre une situation inextricable et ensuite a fait le choix d’en accepter une autre et c’est ainsi qu’il est devenu un très bon pompier jusqu’à à l’épuisement. Dans ce cas, le premier pas est de devenir plus lucide sur le fait que le non choix d’aujourd’hui est le fruit de vrais choix qu’on a faits dans le passé en suivant le flux des opportunités, sans trop y réfléchir sur le moment. Cette prise de conscience est parfois difficile car il est beaucoup plus facile de penser que « c’est le destin qui est derrière tout ça » et que nous n’y sommes pour rien. Du moment où nous acceptons le fait d’être les auteurs de notre destin, nous nous donnons aussi la possibilité de le reprendre en main et de faire des choix qui nous conviennent.

5/ Parfois ce sont nos convictions qui nous amènent à penser que nous n’avons pas de choix.
Certains élèves sont parfois si convaincus qu’ils ne vont pas réussir un examen qu’ils… échouent ! Etes-vous étonnés ? Je suis certaine que non. Regardons-nous avec honnêteté : combien de fois nos convictions nous conduisent-elles à penser que nous n’avons pas le choix ? Parfois on ne dit pas « non » à quelqu’un car on pense que « l’on n’a pas le choix », mais en réalité c’est nous qui pensons qu’il est interdit de dire non car l’autre « va mal le prendre ». Parfois on anticipe des réactions d’autrui sans les avoir vérifiées par peur de « faire du mal », mais en réalité c’est parce que l’on manque de courage ou bien on ne veut pas bousculer l’ordre établi. Dans ce cas-là, il vaut mieux être honnête sur nous-mêmes et sur les bénéfices que nous tirons en pensant que nous n’avons pas le choix. Ensuite nous pouvons conclure soit que nous avons choisi telle ou telle conviction et que pour l’instant nous vivons bien avec elle, même si parfois elle nous fait râler, soit que nous souhaitons la changer puisqu’elle nous fait plus de mal que de bien.

En conclusion, nous avons un champ de choix beaucoup plus vaste que ce que nous imaginons. Mais l’être humain a cette fâcheuse tendance : il préfère attribuer ses attitudes à des « non choix » pour éviter le poids de la responsabilité du choix qui est parfois lourd. Toutefois qui dit responsabilité dit aussi devenir acteur de sa vie pour se donner la possibilité de changer les choses. Lorsqu’un élève comprend qu’il suffit de croire à la réussite, il aura plus souvent de bonnes notes … à nous de choisir !

Résumé des situations de « non choix » et remèdes

Situation Bénéfice Remède
Manque de délégation (au travail) ou personne qui fait tout pour les autres (à la maison) Reconnaissance en tant que personne indispensable Admettre le besoin de reconnaissance et trouver d’autres domaines où l’on peut être reconnu et qui sont source de plus de satisfaction
Insatisfaction au travail ou dans une situation personnelle Faire comme la grenouille : rester bien au chaud sans bouger Prendre conscience que l’on devient comme la grenouille et ensuite se donner une limite de temps pour commencer à réagir et chercher des solutions alternatives.
Situation que l’on n’a pas choisie (décès, maladie, …) Aucun ! Changer d’état d’esprit face à la situation pour y trouver un côté positif ou pour trouver un motif valable pour tenir (l’amour de l’autre, par exemple)
Nous nous sommes mis dans la situation de non choix Déresponsabilisation sur notre destin Regarder la vie avec lucidité pour détecter le choix qui a déterminé certains évènements, pour ensuite se demander si l’on veut changer la direction de notre vie.
Nos convictions limitantes Déresponsabilisation sur notre destin Détecter la conviction limitante et son impact sur notre vie pour ensuite décider si l’on veut la changer ou pas.

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