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Commencer l’année en sérénité avec le TIPI

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Pendant les vacances j’ai lu les deux livres de Luc Nicon « Revivre sensoriellement » et « TIPI, technique d’identification sensorielle des peurs inconscientes »[1]. Cette technique, qui commence à être connue en France par le grand public, vise à mieux gérer des situations émotionnelles chargées dans la vie personnelle ainsi que professionnelle. Elle a attiré mon attention surtout pour deux raisons : 1/ la simplicité de son application et les résultats rapides ; 2/ son caractère empirique.

1/ Sa simplicité et les résultats rapides

Contrairement aux techniques habituelles de gestion des émotions, la solution repose uniquement sur notre capacité à nous reconnecter avec nos sensations physiques. Les études en neurobiologie[2] ont démontré que les émotions sont d’abord corporelles, ce qui veut dire qu’elles sont ressenties dans notre corps avant d’arriver à notre conscience. Ceci signifie que pour arriver à surmonter une émotion forte il faut d’abord se reconnecter avec la sensation physique qui lui est associée et qui, par définition, est unique pour chacun d’entre nous. Nous ressentons les émotions dans notre corps en fonction de notre vécu personnel, ce qui veut dire qu’une même émotion peut correspondre à différents signaux physiques pour chacun d’entre nous. Cette reconnexion physique peut être plus ou moins facile en fonction de notre structure (sommes-nous plus enclins à intellectualiser tout ce qui nous arrive ? ou bien tendons-nous à percevoir le monde tout d’abord avec nos sensations physiques ?) et de notre éducation, sachant que dans le monde occidental nous sommes éduqués surtout à COMPRENDRE et moins à RESSENTIR.

Après cette brève introduction, je vous livre la technique énoncée dans le livre « Revivre sensoriellement »[3] :

  • vous ressentez une émotion désagréable
  • fermez les yeux
  • prêtez attention aux sensations physiques présentes dans votre corps
  • laissez ces sensations évoluer, se transformer d’elles-mêmes
  • laissez faire, sans contrôle, sans à priori
  • jusqu’à l’apaisement

C’est tout ? Oui et c’est assez bluffant, je dois dire. Car la technique est plutôt contre-intuitive, vu qu’au lieu d’essayer de comprendre notre émotion et donc prendre du recul, il s’agit plutôt de tout laisser aller dans le mental pour se concentrer uniquement sur notre sensation physique et la laisser évoluer, même si cela va être désagréable. Cela dit, tout le processus dure entre deux et trois minutes et, si on se reconnecte bien avec notre corps, l’émotion désagréable disparaît.

L’auteur insiste bien sur le fait de trouver un endroit calme et de fermer les yeux, pour faciliter notre connexion avec notre corps. Pour faire un voyage intérieur on ne peut pas être dérangés de l’extérieur.

2/ Son caractère empirique

Luc Nicon explique qu’il a obtenu de très bons résultats avec cette technique et que ce sont ces résultats qui l’ont poussé à rechercher plus à fond les mécanismes sous-jacents. Ceci est l’élément qui m’a vraiment convaincue : il a expérimenté des méthodes pour gérer les émotions et les phobies et il a commencé à en chercher la cause quand il a trouvé la méthode qui marchait. Ce qui signifie que peu importe l’explication du « pourquoi » (là aussi, à la limite le mental n’est pas nécessaire) ; l’important est d’essayer cette technique et voir les bienfaits qu’elle nous amène.

Pour les curieux, je vais décrire dans de très grandes lignes sa théorie du « pourquoi », même si cette théorie peut laisser le lecteur perplexe, ce qui est compréhensible. Je suggère de ne pas se bloquer à cause de la réaction que l’on pourrait avoir face à cette explication: il faut essayer, réessayer, réessayer encore et encore. Seulement après plusieurs essais pratiques, faut-il décider si cette technique marche.

Selon ses recherches, le fœtus dans le ventre de la mère subit diverses agressions : cordon ombilical qui s’entremêle et donc qui envoie moins de nourriture et d’oxygène, ou bien présence d’un jumeau qui disparaît dans les premières semaines de gestation ou plus tard, ou qui est parfois porté à terme (il avance l’hypothèse que la plupart des fécondations humaines sont au tout débout gémellaires). Comme notre système nerveux ainsi que nos sens se développent très prématurément au cours de la gestation, nous sommes à même d’avoir toute une vie à l’intérieur du ventre de notre mère qui inclut la lutte pour survivre dans un univers qui n’est pas si tranquille que cela paraît. Les agressions du cordon ombilical et du ou des jumeaux génèrent des peurs totalement inconscientes dont nous subissons les conséquences quand nous devenons adultes sous forme de phobies, d’agressivité, de passivité, etc. Ces peurs s’enregistrent dans notre corps, dans notre mémoire inconsciente puisque nous ne nous en souvenons pas consciemment. Des évènements anodins de notre vie peuvent réveiller ces peurs inconscientes et réactiver des réactions très fortes comme les phobies (peur des insectes, des reptiles, de voler en avion, etc.) ou des émotions fortes (parfois nous réagissons de manière très disproportionnée à la situation).

Quand, en faisant l’exercice, nous nous reconnectons à notre ressenti corporel c’est comme si nous nous reconnections à la peur originel et de ce fait elle disparaît.

3/ Je l’ai essayé sur moi

Je dois vous avouer que j’ai très peur des blessures qui saignent, à tel point que lorsque je me blesse, je dois éviter de regarder le sang pour ne pas m’évanouir. J’ai fait l’exercice en me reconnectant aux sensations que j’ai éprouvées quand je me suis fait une blessure qui a nécessité 10 points de suture à cause d’une chute à vélo. Le souvenir est encore très vif même si cet événement est arrivé il y a un an et demi. J’ai ressenti dans mon corps des sensations très désagréables, semblables à celles que j’ai ressenties lors de mon accident (sauf, naturellement, la douleur physique) et ensuite je me suis sentie comme libérée, plus légère. Cela a duré une minute. A la suite de cet exercice j’ai eu l’occasion de voir du sang et même si cela n’a pas été très agréable, j’ai évité la sensation d’évanouissement.

4/ Application dans notre vie de tous les jours

Depuis, j’applique cette technique chaque fois que je ressens une émotion désagréable ou que je pressens que, transportée par mes émotions, je vais réagir de manière très impulsive à une situation. Je me mets en retrait dans un endroit calme (les toilettes, par exemple !), je ferme les yeux et je me reconnecte. Et ça marche !

Le prérequis à cette technique est d’avoir un minimum de lucidité concernant nos émotions pour comprendre quand nous allons en être submergés. Avant d’en arriver là, il faut appliquer cette technique. Au cas où vous n’arriveriez pas à l’appliquer dans une situation particulière, je vous invite à l’appliquer à posteriori en revivant, peu après les faits, dans le calme et en fermant les yeux, les émotions et les sensations que vous avez ressenties dans cette situation.

J’en profite pour vous souhaiter joie, succès et sérénité émotionnelle pour l’année 2018 !


[1] Edition Emotion forte, disponibles seulement en français. Pour plus d’information voir le site web TIPO.PRO (en français, anglais, espagnol et allemand)

[2] Voir par exemple le livre de Damasio « Spinoza avait raison » (ANG : « Looking for Spinoza » ; ITA « Alla ricerca di Spinoza »)

[3] Page 11 de “Revivre sensoriellement”

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